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  • La fête du Broquelet

Le « Broquelet » fête des dentellières travaillant sur le carreau, auxquelles se joint les fileurs et les retordeurs de fil, puis les mécaniciens. L’industrie se développant d’année en année, le goût des fêtes qui règne dans le pays, a fait choisir le « Broquelet » pour fête patronale par d’autres corps de métiers se rattachant de près ou de loin à l’emploi du fil.
Le « Broquelet », comme presque toutes les fêtes d’ouvriers, est un jour de réjouissances, de libations démesurées, de repas prolongés et de danses de jour et de nuit.

Dès le matin, les ouvriers se rendent au cabaret pour boire du genièvre (produit de la distillation de l’alcool sur les baies de genévrier), le choc des verres le conduit à midi, heure traditionnelle du dîner. Ce repas qui réunit les membres de toute une famille et presque toujours des amis, se compose ordinairement d’un lapin assaisonné d’oignons et de pruneaux, de saucissons et d’une tête de veau à l’huile, la boisson est invariablement la bière que suivent le café et les liqueurs fortes. On reprend ensuite la bière et les pipes s’allument jusqu’au moment de partir pour le bal.
Jusqu’à ces dernières années, un seul établissement semblait avoir le privilège de servir à toutes les fêtes patronales : c’était la guinguette de la Nouvelle Aventure, ancienne maison de campagne princière, située en dehors des murs, à 2 kilomètres environ de la Ville, et composée d’un long bâtiment flanqué de kiosques surhaussés.

L’établissement avait par devant une grande cour fermée de grilles, et par derrière une vaste pelouse et des avenues couvertes de feuillages impénétrables aux rayons du soleil.
Les danses commençaient vers 2 heures de l’après-midi et se prolongeaient jusqu’à minuit et quelquefois jusqu’au lendemain matin.

La Nouvelle Aventure, établissement unique en France pour ses dispositions grandioses tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, pouvait recevoir au moins 20.000 personnes ; Aujourd’hui, abandonné il doit être démoli pour faire place à un marché.

Les plus aisés se rendent au bal en voiture, d’autres en vinaigrette, sorte de chaise à porteurs montée sur 2 roues, que traîne un homme attelé comme un cheval, et que pousse une femme, obligée pour cela de se mettre dans la position la plus fatigante. On ne trouverait probablement plus ce dernier véhicule ailleurs qu’à Lille, ce n’est pas à regretter, car il n’est rien de plus affligeant que de rencontrer un être humain transformé en bête de trait, et il n’est pas rare, en été, par les grandes chaleurs, de voir quelques-uns de ceux qui traînent les vinaigrettes tomber d’apoplexie au bout d’une course.

Il y a 25 ou 30 ans les ouvriers du Broquelet ornaient leur véhicule de fête avec des guirlandes entremêlées de fleurs, des saucisses qu’on allait faire cuire dans un cabaret où l’on dînait, chantait et dansait.
Le lendemain de la Fête, il est d’usage de se rendre en pèlerinage à Loos, petit village à une lieude Lille, où se trouve un vaste établissement pénitentiaire. Là après avoir allumé un cierge à Notre-Dame, on va boire et l’on danse. Ce sont les derniers éclats de joie de la solennité du Broquelet.
La fête du Broquelet entraîne tous les ouvriers qui la célèbrent dans de grandes dépenses, et pour y faire face ils ont recours à tous les moyens.

Tiré des « Ouvriers des deux mondes », juillet 1858.

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