• La porte des Postes

La Place Barthélémy Dorez (ex Place des POSTES) ouverte en 1860. Aboutissants à l’extérieur des remparts à la rue du Faubourg des Postes et au Cimetière du Sud.

Croisement des : Bd Victor Hugo ex Bd Vallon, Bd Montebello (limite d’Esquermes), rue des Postes, Bd de Strasbourg, Bd de Metz nommé ainsi à cause de l’ancien Chemin des postes qui permettait aux services des postes de Lille de correspondre avec Paris et les autres villes de France. 

A Seclin ce chemin rejoignait la route d’Arras ancienne via romaine ou plutôt gallo romaine, car la table de Pneumigher est schématique et imprécise. La rue des Postes ouverte en 1863, démarre de la place Sébastopol  et aboutie à cette porte aujourd’hui disparue, il existait déjà du temps de la commune de WAZEMMES un chemin.

Comme aujourd’hui les 2 lignes de métro se croisent, les multiples tramways des lignes D, P et R, (électrifiées en 1903) s’entremêlaient dans le ballet des wattmen, les nombreux changements d’aiguillages, rendaient brillant l’acier et l’éclat du soleil se reflétait dans l’usure du métal. Henri Kolb (né le 22 février 1808, mort le 25 avril 1876), inspecteur Général des ponts et Chaussée, ingénieur en chef du Département du Nord, au moment de l’agrandissement de Lille (1858) prit une part active à cette œuvre considérable, remparts, portes, rues et boulevards tout fut Haussmannisé. Une partie de la rue Gantois rappelle le souvenir de cet ingénieur depuis le 21 novembre 1876.

 

Fred LAPORTE. Voyage autour de Lille, 1932

Jusqu'à présent, j'ai voyagé autour de la ville des vivants ; je dois maintenant me diriger vers la cité des morts, non sans parcourir ensuite en tous sens l'agréable quartier de la Porte des Postes.

Un cimetière, si grand qu'on le fasse, devient un jour ou l'autre insuffisant pour une ville   qui ne cesse de croître. L'agrandissement qui supprima le cimetière de Wazemmes, nécessita la création du cimetière du Sud et, chose curieuse, dès que les morts commencèrent à être apportés, un faubourg prit naissance dans ces parages, le   Faubourg des Postes, dont la population augmente de jour en jour, quartier suburbain situé au delà de la Porte des Postes.
Le long de la rue du Faubourg des Postes on trouve des débits de boisson à chaque pas, séparés par des maisons très coquettes. Un estaminet s'est même ingénieusement intitulé « au Père La Chaise ».

Si loin du centre de la ville, le Cimetière du Sud n'a pas encore les proportions du cimetière de l'Est, il n'a pas davantage le commerce considérable de monuments et d'ornements funèbres de celui qui fait la prospérité du quartier Saint-Maurice. Un square bien garni et bien tenu précède le «Campo Santo». Les arbres et les allées sont parfaitement ordonnés.

A peine a-t-on franchi la porte d'entrée principale, qu'on aperçoit un jardin verdoyant dont les allées sinueuses, soigneusement sablées, se perdent dans toutes les directions sous de frais ombrages. Il est bon que la nature prête ses dons naturels au séjour de la douleur ; on voudrait croire que les morts y trouvent eux-mêmes quelque charme et que leur sommeil en soit plus léger. Ajoutez les arbustes, les fleurs qu'à défaut d'un service ordonné, des mains amies ne cessent d'entretenir, printemps perpétuel humecté de larmes, cette rosée du coeur.

Comment s'orienter parmi ces détours irréguliers qu'on dirait tracés par une imagination capricieuse ?
N'ayant cure d'étudier une topographie si peu récréative, je me suis contenté de marcher au hasard. Çà et là se rencontrent des monuments remarquables qui servent de jalons indicateurs dans ce dédale où tous les âges, toutes les conditions, les grands et les petits, les puissants et les faibles, la misère et la richesse sont placés au même niveau. Par dessus la terre se montrent les conditions sociales marquées sur le marbre, la pierre ou le bois, mais par dessous, il n'y a plus que l'inexorable égalité devant la mort.

Ce que l'on cherche quand on flâne dans un cimetière, ce sont les inscriptions qui répondent aux tristes et sévères impressions que ce lieu fait naître. En dehors des plaintes, des regrets, des souvenirs qui se traduisent par les formules d'usage : « bon père, bon époux », il se présente de distance en distance des épitaphes plus ou moins naïves dont le sentiment est toujours respectable.

Assez souvent, l'affection aime à s'exprimer en vers et s'ils ne sont pas empruntés à quelque poète renommé, une muse locale ou domestique se charge de cette tâche délicate, mais elle est généralement sujette à des défaillances. L'intention corrige les imperfections littéraires.

Ici, c'est une enfant arrachée dans sa quatorzième année, à la tendresse maternelle, là, c'est un mari qui s'adresse en pleurant à sa compagne Ailleurs une épitaphe assez compliquée montre une jeune homme de 26 ans enlevé à ses études après s'être essayé dans plusieurs professions ; un autre, moins ambitieux, exhale sa peine en une prose vraiment attendrie ; une veuve pleure à la fois son époux et son fils de 27 ans ; plus loin, c'est un texte latin de l’Écriture...

Au retour de ce « Campo Santo », j'ai fait halte à l’Hôpital Sainte-Eugénie, appelé aussi l'Hôpital de la Charité, où j'ai obtenu ces renseignements :
En 1859, l'administration des hospices de Lille, prenant en considération l'agrandissement de la ville et le chiffre toujours croissant de la population pauvre de ce grand centre industriel, décida la création d'un nouvel hôpital de 400 lits et d'une maison de santé.
Dès 1864, M. A. Mourcou, architecte, présentait un projet qui fut adopté.
En 1866, le comité des inspecteurs généraux des établissements de bienfaisance émettait un avis favorable. L'adjudication eut lieu la même année. M. E. Rouzé entreprit les travaux. Les constructions furent achevées en 1873.
L'Hôpital Sainte-Eugénie était debout. En 1874, l'Académie des Sciences décernait à M. Mourcou un prix de 2.500 fr. de la fondation Montyon (Encyclopédie de l'architecture).
Cet hôpital destiné à recevoir 400 malades, 200 hommes et 200 femmes, occupe dans le quartier de la Porte des Postes, entre le boulevard Montebello et les fortifications, un terrain de 39.400 mètres de surface.
La dépense de l'entreprise générale s'est évaluée à la somme de 4 millions de francs environ
Proche de l'Hôpital où se dressent les gazomètres de l’Usine à Gaz, on me donne d'intéressantes précisions.
La Compagnie Continentale du Gaz est l'une des plus puissantes de ce genre. Elle a son siège à Londres et fut fondée sous Georges IV. La firme réelle est « Compagnie Impériale et Continentale du Gaz ». Elle exerce son action sur toute l'Europe occidentale. Elle possède quinze usines en France et une des plus importantes est celle de Lille. C'est à Vienne que se trouve la principale installation. La plus grande partie de l'éclairage de Berlin est entre les mains de cette Compagnie. Détail singulier : elle ne possède aucun établissement en Angleterre. A Lille, il y a deux usines. L'une située rue de la Caserne-Saint-André et l'autre rue Charles-de-Muyssart.
Cette dernière usine est très intéressante à visiter. Sa superficie est de 18.000 mètres carrés. Elle a vingt fours à cornues. Elle a commencé à être exploitée en 1872. Une ascension très agréable à faire c'est celle de la colonne à coke, qui mesure près de 20 mètres de hauteur. Les deux usines consomment annuellement 60.000 tonnes de charbon. Ce charbon vient par canal.

Je ne saurais quitter ce quartier sans rendre visite au président du Comité de l'Union des commerçants du quartier de la Porte des Postes. M. Jean Cibié, directeur de cet autre cinietîère « Le Tombeau de l'Automobile ». Ensemble nous avons visité le secteur qui est si cher au plus affable des « Auvergnats du Nord ».
Nous nous sommes promenés ce jour-là, M. Cibié et moi, Place des Quatre-Chemins, qui est le dimanche un prolongement à distance du Marché de Wazemmes. C'est le marché aux chiens.
Tenus en laisse par   des revendeurs occasionnels, des chiens attendent avec un air malheureux et avec résignation le garçon de laboratoire de la Faculté de Médecine qui les achètera à vil prix pour les donner à disséquer aux « carabins », lesquels cherchent dans leurs entrailles des moyens de guérir les nôtres.
Loup d’Alsace, berger belge au poil dur, chien d'attelage, brabançon, malinois, bouvier, chien de chasse, fox, ratier, toutes ces pauvres bêtes qui changent de maître ne sont pas toutes condamnées à mourir des mains des chirurgiens. Tous ceux qui veulent un gardien pour leurs propriétés, leur maison, pour leurs besoins personnels viennent là et trouvent un choix multiple de sujets.
Ce marché est patronné par M. Six, grand éleveur du Sud de Lille et ratier de grande envergure. Il n'est pas rare de le voir, sur cette place avec 50 rats sauvages dans sa chemise qu'il lâche un à un sur le pavé et qu'il rattrape comme s'il s'agissait d'un jeu d'enfant.
Ce marché était très prospère après l'armistice où tout le monde avait besoin de chiens pour les manger. Actuellement il est d'un calme désespérant pour les vendeurs car ce sont surtout les bons acheteurs qui manquent.

Dans un café de la place ce ne sont que volètements et pépiements, froufrous de plumes agitées... marché aux serins : serins saxons, serins parisiens, tous verts et jaunes et aussi des merles du Japon et même des perruches.
Là aussi les affaires sont calmes, les gens, même ceux qui affectionnent les oiseaux, gentils compagnons, considèrent que la vie est assez difficile pour eux sans éprouver le besoin d'élever des animaux. Les propriétaires d'immeubles sont à même d'égayer leur appartement par la présence de ces jolis surplus tellement exigeants que peu de locataires ont le droit au plaisir de l’égayer par ces petites bêtes.

 Dans un autre coin de la place, roucoulent dans des cages, des pigeons dits pigeons romains, pigeons gabus, pigeons pont. Des canards, des oies, des tourterelles, des cochons d'Inde, des lapins, des poules voisinent çà, et là.
Nous avons entendu un petit gars de Wazemmes demander à un revendeur de poules : "Y n’ dit rien le coq quand in l’i inlèfe ses poules ? Y n' dit rien, bien sûr, mais y n'in pinse pas moins !"

Le Club des Ambassadeurs de Wazemmes - 26 rue Jules Guesde 59000 Lille - SIRET : 440 423 168 000 10 - APE : 913 E